Maître Jean Prévost est né à Lescar, en Béarn, au commencement du 16ème siècle, on ne sait pas au juste en quelle année. Il y a lieu d'admettre qu'il était le fils, le neveu ou le très proche parent, de Gaspard Prévost, apothicaire et jurat de cette ville, entre les années 1609 à 1619. Jean Prévost se qualifie lui-même de « Lescariensis », c'est-à-dire originaire de Lescar, sur un registre d'examen qui existe à Montpellier, où il alla prendre ses grades en médecine, en septembre 1634. La famille Prévost comptait alors parmi les plus notables et les plus répandues en Béarn. Ses membres y occupaient de grandes fonctions publiques et gravitaient autour de la cour de Navarre. De nos jours, elle a complètement disparu de ce pays. Une fois coiffé du fameux bonnet de docteur, Jean Prévost alla s'établir comme médecin à Navarrenx, ville importante et forteresse célèbre à cette époque. Il y passa quinze ou vingt ans de sa vie, employant tous ses loisirs, et même plus, à herboriser et à étudier les plantes des montagnes voisines : les vallées d’Aspe et d’Ossau faisaient régulièrement partie de ses destinations. C’est également à cette époque qu’il écrivit son catalogue de plantes.
C'est pendant son séjour à Navarrenx que se place un des actes les plus importants de la vie scientifique de Jean Prévost, son projet d'établir un jardin botanique à Pau dont il fit la proposition aux États de Béarn en 1641. Il proposa d’établir ce jardin « des herbes » sur un terrain disponible, le jardin de la Haute-PIante, aujourd’hui champ de foire à Pau. En outre, la place de médecin de la ville de Pau était vacante, et on pouvait imposer à son successeur l'obligation de s'occuper aussi de ce jardin. Quant aux frais d'installation et d'entretien, Sa Majesté y contribuerait sans doute pour une large part et les États de Béarn feraient le reste. Telle était l'économie du projet qui apparaissait ainsi réalisable.
Mais le pays était pauvre, les révoltes religieuses étaient à peine étouffées et la guerre avec l’Espagne durait encore, situation difficile pour un pays de frontière. Le moment était donc peu favorable. Il y eut parmi les députés des partisans et des adversaires. La noblesse et le clergé, émirent à la majorité des voix l'avis que la proposition de Jean Prévost était très utile et recevable. Le tiers état, au contraire, se montra hostile à cette idée. Les députés de Morlaàs notamment ne voulurent entendre parler en rien de jardin botanique, la majorité fut de leur avis, et la question fut enterrée.
Vers 1650, Jean Prévost fut nommé médecin de la ville de Pau, où il acheva sa carrière. Il mourut vers l'année 1660. On trouve, en effet, en date du 17 mars 1664, une délibération des jurats de Pau au sujet de son remplacement, qui était à faire depuis assez longtemps.
Le catalogue fut publié à Pau en 1655 et resta dans l’ombre pendant plus de deux siècles.
En 1886, Barthélemy de Nabias le choisit comme sujet de sa thèse pour le doctorat en médecine qu’il présentait à la faculté de Bordeaux. Il dénicha à la Bibliothèque nationale le seul et unique exemplaire de ce catalogue.
Un siècle plus tard, vers 1980, Guy Dussaussois, conservateur de la bibliothèque interuniversitaire de Bordeaux découvrit dans les rayons la thèse de Barthélemy de Nabias et la signala à Claude Dendaletche qui la fit connaître à la communauté scientifique.
Dans ce catalogue, les espèces sont indiquée par de courtes phrases en latin et rangées par ordre alphabétique, comme dans les catalogues des jardins botaniques de l’époque. Sur ses 43 pages, figurent les noms de plus de 900 plantes sauvages ou cultivées existant toujours dans la région. Jean Prévost écrit également sur les vertus médicinales des plantes.
Jean Prévost n’était cependant pas passé tout à fait inaperçu : Linné le mentionne parmi les meilleurs « floristes » français.
Son catalogue contient toutes les meilleures trouvailles de botanistes qui ont exploré nos montagnes après lui : le Pétrocoptis des Pyrénées de Bergeret, le Mérendera bulbocodium de Ramond ou le Panicaut de Bourgat de Gouan.
En tout, quelques 30 plantes pour lesquelles on peut dire qu’il est le véritable découvreur, tel l'Aster des Pyrénées qu'il nomma "d’Aster pyrenœus flore cœruleo".