PIERRINE GASTON-SACAZE,

le survol d'une vie ...

       Le 20 mai 1797, jour de sa naissance à Bagès, c’était la belle saison, celle des fleurs dont l’une, découverte par lui, porte son nom : le Grémil de Gaston, Lithospermum Gastonii pour les botanistes…

   Car ce berger ossalois, véritable autodidacte, s’est forgé une réputation européenne dans les milieux scientifiques naturalistes. Presque seul, il apprend à maîtriser les termes latins indispensables en botanique. La garde de ses troupeaux n’entrave pas sa curiosité pour les sciences et arts les plus divers, - botanique avant tout, mais aussi géologie, météorologie, sans oublier musique et chansons. Il transforme ses observations en savoir méthodique, et excelle auprès d’une clientèle de gens de science, de personnalités, d’amateurs fortunés, venus de partout le consulter. Invitations et correspondances accroissent la renommée de celui qu’on nomme alors «  le pasteur-botaniste ». A son apogée, il crée un vaste herbier, contenant toutes les espèces de ce secteur de la chaîne pyrénéenne, - herbier confié depuis peu au Conservatoire Botanique de Bagnère-de-Bigorre.

     Et c’est dans sa maison de Bagès que, vieillissant et déjà oublié dans les dernières années de sa vie, Pierrine ferma les yeux le 18 février 1893. Les Ossalois perdaient alors, sans le savoir, l’homme sans doute le plus remarquable de leur pays et de leur histoire. Il faudra un siècle, le centenaire de sa mort, pour que son souvenir soit ravivé ici, en Ossau, par l’Association qui porte son nom.

 

   

Ầ PROPOS DE PIERRINE GASTON-SACAZE :

      CULTURE POPULAIRE ET CULTURE SAVANTE

 

     Berger-botaniste, guide de montagne et chansonnier, dessinateur , auteur d’observations géologiques et météorologiques etc, que de cordes avait Pierrine à son arc ! Son cas n’est pas un fait historique isolé à l’époque, si l’on pense par exemple, à Joseph Ichante, berger d’Aydius dans la vallée d’Aspe voisine, graveur, peintre, philosophe, naturaliste, un peu tout… Ces hommes démontrent que « l’humanisme n’appartient pas plus aux riches qu’aux pauvres, aux instruits qu’aux autodidactes », comme le note Christian Desplat dans sa conférence du 19 février 1993 à Béost sur L’Ossau au temps de ¨Pierrine Gaston-Sacaze, à l’occasion du centenaire de la mort de Pierrine.

 

    L’ univers culturel de Pierrine.

 

● Avant d’être le botaniste que l’on sait, Pierrine fut et resta berger toute sa vie. Lors de l’épizootie de 1825 qui décime les troupeaux ossalois, et devant l’impuissance des vétérinaires, il découvre dans le Manuel du Bouvier et du Maréchal [ferrant] expert  les plantes médicinales utiles pour soigner et guérir. Remarquant que la plupart d’entre elles poussent en Ossau, il en fait l’essai, et les résultats sont probants : il guérit son troupeau, celui de ses voisins … et va jusqu’à soigner des gens. Devant les menaces des praticiens diplômés, Pierrine abandonne cette activité vétérinaire, quitte à procurer des plantes médicinales, à partir de 1834, aux médecins et pharmaciens qui lui en font la demande. –Dans sa curiosité insatiable, Pierrine veut comprendre, aller plus loin, d’où sa lecture du traité de chirurgie de X. Lauyola, qu’il traduit de l’espagnol, et des ouvrages des docteurs Morin, Audin, Rivière, Tissot. Il se familiarise avec l’hypnose, sans rompre avec quelques superstitions communes à l’époque.

 

● Amoureux des plantes, Pierrine n’oublie pas la montagne en tant que telle. Il met sa connaissance et sa passion au service de ceux qu’il guide dans leur découverte des Pyrénées occidentales. - Il multiplie ses observations sur la géologie en Ossau, publiées dans le Mémorial des Pyrénées entre 1843 et 1853. Quant à la météorologie, il s’applique à en déterminer les traits qui caractérisent le climat de la vallée d’Ossau, à travers de patientes observations quotidiennes entre 1840 et 1874. – Sa curiosité le conduit même, vers 1840, à des observations entomologiques, suite à ses lectures et aux conseils qu’il reçoit de Léon Dufour, spécialiste réputé qui l’initie et lui demande sa collaboration dans « la chasse aux insectes », collaboration dont l’homme de science se félicite puisqu’elle lui vaut la découverte, par Pierrine, de « plusieurs espèces intéressantes ».

 

● Le côté « artiste » de Pierrine est lié, là aussi, à son environnement pastoral et montagnard. La musique y prend une bonne part : dès l’âge de 12 ans, il s’exerce à jouer du violon et de la flûte, chante des chants locaux, puis transpose par le solfège les propres chansons qu’il écrit entre 1815 et 1870. Les thèmes en sont la vie des bergers, la flore, la montagne, la vallée d’Ossau, les événements locaux, l’amour bien sûr, avec parfois une réflexion sur les guerres, la vie politique et sociale… La poésie va de pair : Pierrine écrit des odes, des récits en vers ou en prose. – Mêmes sources d’inspiration pour le peintre-dessinateur , qui utilise des plantes pour fabriquer ses couleurs : fleurs de montagne, pastoralisme, fêtes villageoises..Au service du pyrénéisme, Pierrine utilise ses talents vers 1840 en confectionnant plans et itinéraires pour les ascensions du Ger et de l’Ossau.

 

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